Rendre visible la pollution invisible et insidieuse qu’on respire en ville. C’est ce qu’accompli SerVies en collectant les poussières urbaines et en les intégrant à une gamme de vaisselle de céramique. Oserez-vous manger dans les particules que vous respirez ?
Rotterdam, une ville qui souffre de la pollution du trafic automobile
Iris de Kievith, architecte, et Annemarie Piscaer, designer, habitent toutes deux Rotterdam. Une ville qui, comme tant d’autres, souffre de la pollution insidieuse du trafic automobile. Pour faire évoluer les comportements les deux femmes décident d’agir et de rendre tangible, visible, ce poison invisible qui pénètre au plus profond de notre arbre respiratoire. Pour qu’enfin, nous délaissions nos voitures lorsque d’autres mode de déplacement moins polluants sont disponibles.
Poussière anthracite
Elles lancent ainsi une ligne de vaisselle en céramiques colorée par la pollution elle-même. Elles collectent la poussière anthracite déposée, le long des tunnels, des artères embouteillées de Rotterdam et l’intègrent à l’émail qui recouvre les plats de céramique qu’elles produisent. Des plats parfaitement sains. La pollution est inerte, prisonnière de l’émail. Rien n’est laissé au hasard. Elles utilisent les relevés scientifiques qui mesurent la quantité de particules inhalées par les habitants de Rotterdam, pour créer leur collection d’assiettes et de tasses. La couleur de chaque plat varie selon la quantité de particules que l’email contient. Le résultat est impressionnant, les céramiques forment un inquiétant nuancier allant du jaune clair au brun très foncé.
Les deux créatrices rêvent de voir leur vaisselle utilisée lors du diner d’un sommet international. Chaque dirigeant du monde mangeant dans une assiette teintée par la pollution de sa capitale.